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Ironman World championships 2013

L'aventure commence le 30 juin 2013 à Klangenfurt avec une qualification sur le fil pour les Championnats du monde Ironman à Hawaii.

Dreams come true in blue Hawaii.Elvis Presley

Je suis à trois mois de la grande messe. Vous allez me dire que c'est une éternité. Mais au regard d'une saison bien remplie, cela passe terriblement vite. Mon premier objectif est de récupérer de quatres mois bien chargés : Abu dhabi, Malaga, Calvi et Klangenfurth. Ma préparation passe par 3 semaines de coupure. A cela s'ajoute encore 3 semaines de reprise bien souple. Ce n'est que mi-août que les choses sérieuses reprennent. Christophe Bastie, va me concocter une préparation longue, minutieuse et éprouvée. Je ne dévoilerai pas ici les secrets du marabout le plus convoité du triathlon hexagonale. Fort de son expérience, il sait mieux que quiconque amener un athlète (amateur ou pro) au meilleur de sa forme le jour J. C'est ma cinquième saison à ses côtés. Je ne suis jamais passé à côté d'un objectif.

Progressivement, la préparation s'intensifie. Le corps doit encaisser des charges de travail toujours plus sollicitantes. Dans le même temps, mes conditions d'entrainements deviennent de plus en plus favorables. Les fortes chaleurs disparaissent, annonçant la grande migration de touristes de la côte d'azur. La route s'ouvre à moi, et je peux désormais m'employer à tombeaux ouverts !

Plus les semaines passent, plus je m'entraine et plus j'ai envie de m'entrainer. Serais-je en train de succomber aux sirènes Hawaiiennes ? Pas d'affolement, CB me fait redescendre sur terre régulièrement.

Je suis désormais à J-30. C'est le dernier cycle d'entrainement. Les séances clés, ou ironday, passent pour une promenade de santé. J'ai mémoire d'un 40k à pied ou 200k en bike suffisent pour combler l'appétit d'ogre du triathlète en phase de sevrage. C'est seulement à la dernière semaine de charge, que mon organisme me rappelle mes limites. Je termine la semaine fébrile. Il est temps de lever le pied.

A S-2 tout s'accélère. La préparation du voyage, des affaires, les entrainements, le travail, la vie de famille... Le tsunami du Pacifique est en approche. Je décolle avec ma petite famille, pour Hawaii, à une semaine de la course. Le décallage horaire de 12 heures avec la France, impose de partir suffisamment tôt afin d'encaisser le fameux jetlag !

La terre promise est enfin sous mes pieds. C'est mon troisième Hawaii. Je mentirai si je disais que je n'ai pas d'ambitions cette année. Une fois n'est pas coutume, et pour la première fois, je m'hasarde même à un pronostic. Lire la news sur Multriman.com

Je me suis investi comme jamais dans cette préparation. J'ai fait beaucoup de sacrifices, notamment au niveau familial. Pour toutes ces raisons, je veux faire avant tout une course pleine, propre et plaisir ! Hors de question de prendre le moindre risque. Nul besoin de vous rappeler que même à mon petit niveau, Hawaii ne tolère aucune erreur.

C'est dans un état d'esprit très positif que j'aborde la dernière semaine. J'ai fait le job comme on dit. Maintenant, nul besoin de se faire des films. Je me focalise sur ce que je dois faire, pas sur ce que j'aimerais faire.

Ici l'ambiance est tout simplement incroyable. Pour celles et ceux qui n'ont pas eu encore la chance de vivre cela. Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point cela est unique. Imaginez plus de deux milles athlètes, tous plus affutés les uns que les autres, à nager, courir et rouler du matin au soir comme des dingues. Big Island offre la plus forte concentration de testostérone au mètre carré au monde. Ils se voient tous champions du monde. Le narcissisme du triathlète est ici à son nirvana.

Je m'égare...revenons au vif du sujet.

Nul besoin de vous décrire l'ambiance, le décors ou l'actualité. Vous le suivez en direct sur sur le net avec photos à l'appui façon people !

H-24 je suis plus détendu que jamais. La présence de ma femme et de ma fille y sont pour beaucoup. Je souhaite à quiconque de vivre et partager ce moment unique en famille.

Le matin de la course, j'ai la boule au ventre : c'est bon signe ! La pression monte et c'est normal. C'est ce qui stimule et fait avancer. 6h30 départ des athlètes pro. Je m'échauffe à sec et étirements. Puis je me dirige vers le départ. La petite plage de Dig me beach sature. Et pour cause, nul besoin de vous rappeler qu'à Hawaii, la combinaison est interdite et que le départ est dans l'eau. Autant de piment ajoutė à une journée qui s'annonce longue, chaude et difficile.

Sur la ligne de départ, matérialisée par une horde de stand up paddle, l'ambiance est bonne enfant. C'est un sentiment trompeur à l'approche de la mass start. Un bang retentit. C'est le départ. Il faut aller au charbon, se sortir les doigts comme on dit et se faire violence. Je prend un bon départ. Prudent je calme l'allure rapidement pour ne pas me mettre dans le rouge, suivant les consignes du coach. La partie natation est constituée d'une seule boucle. Une longue ligne droite longeant la côte, puis le retour en sens opposé où se croisent pro et groupes d'âges décalés de 30'. Je nage dans un groupe et les sensations sont bonnes. Je n'ai pas à m'employer pour garder les pieds. Je gère mon effort. Je visualise désormais Pier. C'est bon, il me reste 500m maxi. Je sors de l'eau frais comme un gardon.

3.800m de natation en 56'

L'organisation, quasi militaire des bénévoles est surprenante. Pour chaque étape de la transition un bénévole est là pour vous aider. Je ne traine pas dans le parc. T1 en 2'26".

La course est réellement lancée avec le vélo. C'est aussi la partie la plus délicate à Hawaii. Le vent et la chaleur peuvent rendre la course extrêmement usante. Cette année l'invitée surprise est un facteur bien connu en triathlon : Drafting. La première boucle n'est pas facile à gérer car très nerveuse. Malgré un bon tempo, cela revient fort de l'arrière. Ayant fait une bonne natation, je suis devant le peloton qui se forme sous mes yeux. Sur les consignes du coach CB, je fais ma course. Je roule au cardio afin de lisser mon effort pour les cinq heures qui m'attendent. J'ai rejoint la Queen K. Le vent est favorable. Je m'efforce de trouver mon rythme sans me faire influencer par les gros rouleurs (ou tricheurs devrais-je dire) qui se regroupent. Je laisse filer ces malades qui doivent rouler à près de 45 km/h. Cette attitude ne m'entonne pas du tout. Le drafting a toujours été présent ici. Cette année il est tout particulièrement visible du fait de conditions de vent favorables. D'ailleurs, je ne suis pas le seul à avoir remarqué ce phénomène. Tous sont unanimes la dessus. Cette année cela a drafté sévère. Il suffit de regarder le temps de groupes d'âges. Certains roulent plus vite que les pro ! A titre d'exemple, le 1e et 2e de mon groupe d'âge (40-44) roulent respectivement en 4h34' et 4h35' !!!!

En roulant seul tout le parcours, cela va moins vite c'est sûr. Je suis confiant dans ma stratégie, mes moyens, et ma conduite. Le clou du spectacle intervient dans la côte de Hawi. Je me fais reprendre par plusieurs groupes. Le plus gros paquet compte pas moins de 30 bonhommes. Ils roulent parfois à trois de front. Je ne réalise pas vraiment ce qu'il se passe. Je suis concentré sur mon effort. C'est après coups, en regardant mes temps de passages que je découvre le hold up. Je perds 80 places sur les 180km. Certes j'ai pris un plomb vers la fin du vélo vent de face. Mais je trouve très étrange que des gars de mon niveau roulent 15' plus vite.

Je passe enfin l'aéroport, situé a 10 km de l'arrivée. Je déroule, je m'hydrate, je me ravitaille. J'essaye de faire un point sur le chrono. Je devrais faire un peu moins de cinq heures. Cela me redonne un peu le moral.

La transition risque de piquer un peu. Je ne me trompe pas. Je parviens à peine à courir en descendant du vélo. J'ai mal partout, les jambes sont dures et j'ai le dos en piteux état. J'ai des crampes rien qu'en mettant mes chaussettes. Il ne faut pas que je traine dans le parc. T2 en 3'37".

180km de vélo en 4h55'

Je m'élance sur Alii Drive. C'est la partie la plus agréable du marathon. Il y fait souvent moins chaud, avec une petite brise de mer qui rafraichit l'air. C'est aussi la partie la plus animée. La foule est très présente et vous encourage copieusement. L'ambiance réveillerait un mort ! La deuxième partie est nettement plus monotone. Le parcours est plus valloné et surtout il y fait beaucoup plus chaud. Sur Energy Lab la température peut atteindre 40°.

J'applique ma technique habituelle, un départ prudent, petites foulées avec beaucoup de fréquence. Je m'efforce de me relacher et de placer ma technique de course (façon de parler). Appliquant les consignes du coach, je cours à 13.5 km/h. Le garmin lap tous les kilomètres, je suis dans le bon tempo dès la sortie de l'aire de transition. La première boucle passe vite. C'est à partir de la Queen K que les choses sérieuses commencent vraiment. Il faut avant cela gravir la petite côte de Palani Road. Un pétard de 500m qui fait mal aux pattes ! Je fais face et aborde la difficulé du jour en quatre roues motrices et vitesse lente. Courir vite ici, c'est tout à perdre et rien à gagner dixit le coach CB.

Je suis désormais sur la Highway. Je mets en route le régulateur de vitesse. La chaleur se fait sérieusement ressentir. Les ravitaillements version US sont dignes d'un 3 étoiles au guide Michelin. La horde de bénévoles vous innonde littéralement de victuailles. Les éponges ne suffisent plus à faire tomber la température. J'applique directement des glaçons dans ma casquette. Ca pique un peu au début mais ça le fait. J'avance méthodiquement dans mon marathon. Je me focalise sur l'essentiel. Je passe le semi marathon. Les sensations sont toujours bonnes. Déboule derrière moi deux frenchies : Roye et Rovera. Lionel m'encourage.
Energy Lab est en approche. Une ampoule sous le pied me donne l'impression de boiter. Il faut dire qu'à ce moment de la course, le moindre petit pépin est amplifié. Au demi tour d'Energy Lab il reste 13km. Une heure tout rond, si tu cours à 13 km/h !

Tout le retour est un véritable chemin de croix. Mes jambes sont de plus en plus dures. Chaque ravitaillement fait office d'aire de survie. J'espère y trouver un peu d'énergie. Je marche le moins longtemps possible. Mais cela me permet de récupérer un peu musculairement. Chaque vibration du garmin indique un kilomètre de plus au compteur. C'est une source supplémentaire de motivation. Mais dans dans le même temps, le chrono tourne. Il faut relancer la machine après chaque halte. Je me fait violence. Je cherche au plus profond de moi les raisons qui m'ont poussées à venir ici. Je ne dois pas craquer, je ne peux pas. Chaque kilomètre parcouru est une petite victoire sur moi même. Je fais désormais le décompte à chaque kilo 8,7,6,5,4...
Soudain j'ai un instant de lucidité, je réalise que je n'ai perdu que 2 places sur le marathon, nos 2 français cités plus haut ! Cela me conforte dans ma gestion de course. Je sais que le chrono ne sera pas fulgurant. Mais le 3h15' est jouable ! Dans le même temps, j'attend toujours le retour de Fabrice Houzelle sur mes talons depuis Alii Drive. Cela me donne l'énergie suffisante pour remettre un coup d'accélerateur sur le finish. Dans la descente de Palani Road j'ai l'impression de voler. Je déboule sur Alii Drive. Il me reste 500m. Je continue mon effort. A ce moment de la course, la densité est telle que tu as un gars toutes les 15 secondes à l'arrivée. Hors de question de perdre une place juste pour une photo finish façon "sourire email diamant" !

42km de course à pied en 3h14'

Je franchis la ligne d'arrivée sur une explosion de joie. Je ne connais pas encore ma place ni mon temps, mais je suis pleinement heureux et satisfait de moi. J'ai fait une course pleine, propre et plaisir ! Au moment où tu franchis la ligne d'arrivée, il y a une sorte de flottement dans l'air. Le temps semble comme suspendu. Je savoure l'instant présent. Il me faudra plusieurs minutes pour redescendre sur terre. J'aperçois enfin Sophie. Je peux partager avec elle ce moment magique. C'est l'aboutissement d'un an de préparation, d'entraînement et de sacrifices.

Temps final 9h12' | 95e

Si je dois faire un rapide bilan de ma course, c'est à 100% positif. Je réalise une course à mon meilleur niveau. On peut toujours faire mieux c'est vrai. Mais ici à Hawaii le niveau est tout simplement énorme. Tu dois être fort sur les trois disciplines. Tu n'as pas droit à l'erreur. De plus le niveau augmente d'année en année. Pour exemple, en 2008, j'ai bouclé mon 1e Hawaii en 9h45' et 193e. Aujourd'hui j'aurai terminé au delà de la 400e place !
Ma saison se termine. Je peux enfin souffler. Je réalise les belles choses accomplies.
Tout ce la je le dois à une personne, Christophe Bastie, mon entraîneur Multriman.
Comment oublier ma femme qui est mon premier soutien. Sans elle rien de tout cela ne serait jamais arrivé. Ma petite famille, avec l'arrivée de Lucie est ma plus forte source d'inspiration et de motivation !

Résultats


  • 95e | 5e (40-44)
  • Swim : 00:56:17
  • Bike : 04:55:40
  • Run : 03:14:13
  • Total : 09:12:13

Résultats complets

Podium 5e groupe d'âge (40-44)!

Vidéo perso


Vidéo officielle !

Mon heure de gloire intervient à 54 minutes et 20 secondes, quand je franchis la finish line !


Album photos


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