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Ironman France Nice 2018

Dimanche 24 juin 2018, je participe à l'Ironman© France. L'objectif est modeste mais le plaisir est immense sur cette course que je connais par coeur !

Avant de rentrer dans le vif du sujet, flash back sur ma préparation.

C'est ma 10e saison avec Christophe Bastie de Multriman. Une collaboration qui dure et qui marche !
Cette année n'est pas une saison ordinaire. J'ai le projet de participer aux championnats du monde Ironman© à Hawaï. Les années passent vites, et l'opportunité de courir là-bas aussi ! Explication de texte dans l'article Road to Kona 2018 !

Bien qu'ayant validé mon slot sur l'Ironman© Italy 2017, le coach m'oriente sur un full distance en guise de préparation. Le triathlon de Nice, une course à la maison, est mon passeport pour Kona.

L'objectif est double. Une préparation Ironman© se valide toujours en courant la distance. Une préparation, un ironman : c'est la base ! Et puis, de vous à moi, c'est toujours bon de reviser ses gammes avant la grande messe Hawaïenne. Le corps autant que l'esprit ont besoin de s'imprégner de cette sensation suave et exquise d'ultra-endurance !

Prépa

Reprise de l'entrainement novembre avec les fondamentaux : PPG, NAT, VTT, TRAIL... L'entrainement s'accélère en janvier. Ma préparation va s'étendre sur une trentaine de semaines. Mon volume moyen atteint dix huit heures par semaine. J'atteins même l'exploit de réaliser trois semaines à plus de trente heures. Pas enchainées bien sûr, car je n'en suis plus capable, mais réparti sur les quatre mois de ma préparation. Le plus dur ce n'est pas de s'entrainer 20 ou 30 heures, mais bien de digérer le volume d'entraînement. Il me faut le plus souvent une semaine complète pour assimiler une grosse charge.

Avril
"Ne te decouvre pas d'un fil" ! Toujours pas de vélo de chrono. Je décalle ma rentrée faute de réelle motivation.

Mai
"Fais ce qu'il te plait" ! Le chrono n'est toujours pas là mais j'ai trop faim !

Je m'aligne sur le Tri Games Mandelieu. Une belle organisation sympathique. Je fais la course à l'envers. Partir vite pour finir doucement ! Le résultat n'est pas terrible mais un dossard ça compte double. La préparation suit son cours...

S-3
J'arrache une ultime grosse semaine avec trente sept heures au compteur ! La digestion rapide de ce bloc me laisse à penser que je suis prêt ! CB maintient la pression jusqu'au bout.

J-10
Jeudi 14 juin 18:30 GMT+1 trés précise, coup de fil de mon vélociste Cycles Patrick BERAUD pour récupèrer mon vélo de chrono Cube© Aerium C:68. Un peu tard pour une étude posturale, je décide de la faire à l'ancienne. Position extrème, c'est la douleur le mètre étalon. Je parviens à faire trois belles sorties de 5h, 3h et 2h avec de la qualité s'il vous plait.

A la frustation de n'avoir pas pu faire ma préparation sur mon vélo de chrono, s'ajoute le stress d'une position aéro non maitrisée !

Les derniers jours sont un délice de détente et de motivation positive. Il est important de faire abstraction du négatif pour ne garder que le meilleur.

Jour J

Réveil tardif, plan vigipirate, je suis au parc 15' avant sa fermeture. C'est largement suffisant pour gonfler les boyaux, fixer les chaussures. Cette année je décide de déposer un sac de ravitaillement personnel vélo. Au menu du jour : barres énergetiques, boissons isotoniques et aliment liquide.

Rolling start

Le départ par vagues canalise le flux des 2 754 athlètes engagés. Chacun s'élance à son rythme, selon un temps déterminé. Fini les bousculades vécues lors de mass start mémorables !

Fidèle à mes qualités, je me place dans le SAS le plus rapide (-1H02). De longues minutes s'égrènent avant la délivrance. C'est parti pour trois mille huit cent mètres de nage en eau libre ! Un thermomètre bloqué à 24,6° offre la combinaison à tous sauf aux Pro(s). Je nage sur un bon rythme et de bonnes sensations. Désormais, tu n'as plus besoin de booster ton départ pour garder ta place. Mais il faut toujours se faire violence pour réaliser le meilleur temps possible. C'est là où réside selon moi toute la nuance du rolling start. Avant la pression était physique, c'était nage ou crève ! Aujourd'hui le rapport de force à changer. L'individualisme contemporain fait foi. Tout le monde doit pouvoir consommer ironman© matin, midi et soir sans risquer une indigestion !

SWIM 52'15"

Exit la sortie de l'eau à l'Australienne. La deuxième boucle est vite avalée. Le vent d'Est se lève avec une petite houle. Clap de fin du Grand Bleu version courte. Pas de narcose à déplorer !

T1

Je m'élance sur la Promenade des Anglais avec mon tout nouveau Cube© Aerium C:68 nom de code Torro. Une longue chevauchée, version Western Spaghetti, nous attend !
Mon état de fraicheur est incroyable d'insolance. J'appuis sur les pédales. Mon cardio est déjà en zone rouge. Je me dis à moi même : "après St Laurent du Var tu te calmes". Il faudrait toujours écouter sa petite voix !

KM 10 Christian BRADER (PRO) me reprend. En 2014, nous avions fait le vélo ensemble. Mais ça c'était avant.

KM 20 Victor DEL CORRAL (PRO) me passe, je reste spectateur.

KM 30 Je suis rejoint par un petit groupe (PRO & GA). Naïveté, ego, excés de confiance, manque de lucidité...je fais l'erreur de suivre.

KM 40 Tourettes sur Loup, descente rapide, je recharge les batteries.

KM 48 Je suis au pied de la longue ascension qui nous conduit jusqu'au col de l'Ecre. Au programme, une heure d'effort en zone rouge. Mon cardio n'est toujours pas redescendu. Le rouge vire à l'écarlate. Je dois me résigner à laisser partir mes compagnons d'échapée. Dans la deuxième partie du Col, c'est un sérieux concurrent qui me reprend, puisqu'il est dans ma catégorie d'âge.

KM 70 Passage du col de l'Ecre. Ravito perso. Les trente prochains kilomètres c'est open bar(re) !

KM 100 Gréolières annonce la deuxième difficulté du jour la côte de Saint-Pons.

KM 120 Aller-Retour sur le Col de Vence. Cela revient grave de l'arrière. C'est à ce moment précis que je me dis "Là j'ai pris cher dans la dernière montée" ! Je fais le dos rond. J'attend que ça passe...ou plutôt la descente !

Mon vélo de chrono fait des merveilles dans cette succession de descentes ultra rapide. J'ai l'impression d'être sur des rails. Mon point de gravité bas me permet de coller à la route. Je tiens la corde. Les virages s'enchaînent. Je suis envahi par une sensation grisante.

KM 160 St Laurent du Var la chaleur est là. Je retrouve une vieille connaissance Victor DEL CORRAL. Il est allongé par terre à côté de son vélo. Terrible vision. Il vient de bâcher. Je reste concentré.

BIKE 5H14'

Retour sur la promenade des Anglais entier, sain et sauf...enfin presque. C'est toujours très difficile d'être lucide dans le feu de l'action. Mais aujourd'hui je dois reconnaitre mon erreur. J'ai passé beaucoup trop de temps en zone rouge. Cinq heures sur neuf heures trente d'effort pour être exact. Mon bon état de forme et ma belle préparation n'y ont pas résistés. Le coups énergetique était tout simplement trop important.

T2

La descente du vélo est rarement très agréable. J'ai l'impression de ne plus savoir marcher alors saurais-je courir ? Je pose mon vélo dans son rack. Je récupère mon sac de run. Je sors mes affaires une par une. Chaque geste me semble difficile. Je fais tout au ralenti. Qui a appuyé sur le bouton slow Motion de la télécommande ? Je claque la transition la moins rapide du jour 4'23" record à battre !

Je sors du parc avec le sourire. Je tente une approche psychologique. Se répeter que tout va bien. Croire en ses forces. Se convaincre que tout est encore possible !

La réalité est toute autre. Mon Garmin lui il ne ment pas. Il mesure physiquement. Il traite scientifiquement. Il affiche en temps réel les valeurs : vitesse, longueur de foulée, frequence d'appuis, oscillation verticale...
La NASA travaille actuellement sur ces données pour déterminer l'heure d'impact exacte du météorite [Edouardo 276].

Je suis dans mon premier tour qui en compte quatre. Marathon Man court sans se faire de films. J'essaye de jauger mon état de fraicheur. Les jambes sont supers. Le gros bug du jour c'est la respiration. Je ne parviens pas à ventiler profondément. Un peu plus tôt sur le vélo, j'ai souffert de crampes dans le dos. Je ne tenais tout simplement plus ma position aéro. Résultat point de côté et souffle court !

Retour sur la promenade des anglais, je sors de ma course un instant pour prendre le pou d'une foule en délire. Fred Van Lierde fait son show. Je lutte pour ma survie, lui il vole. Aujourd'hui je suis spectateur. Je ne parviens pas à rentrer dans ma course.

Demi-tour de l'aéroport, le Team Multriman encourage ! J'y puise un peu d'énergie et de confiance. Le premier tour est vite bouclé. Dès lors les tours s'enchaînent sans grandes difficultés. Il n'y a bien que la vitesse qui stagne. Malgré le duel à distance pour la place dans ma catégorie d'âge, je n'arrive pas à courir plus vite que 13km/h. A chaque fois que j'essaye d'accéler un petit peu pour grapiller quelques micros secondes, j'ai un point de côté. A défaut de courir vite, je suis régulier. Je ne souffre pas musculairement. J'ai même l'impression d'être en gestion. C'est bien là tout le paradoxe de cette course. De bonnes sensations, une excellente forme physique, mais je n'avance pas !

Dans le troisième tour, je me fais violence. J'essaye de me bousculer. Ca fonctionne. Mais je n'avance guère plus vite. Au mieux, je ne ralentis pas. Je parviens à tenir ce petit tempo jusqu'à la fin. Aujourd'hui ma valeur sur marathon était 4'50" au kilo. C'est vraiment loin de ce que j'éspérais. Mais je suis bon joueur, et j'assume pleinement. J'ai joué...j'ai perdu !

Je franchis la ligne d'arrivée sans savoir si je dois rire ou pleurer. Je l'ai fait. Je suis un Ironman ! J'ai droit à ma médaille. Ce n'est pas vraiment ce que je venais chercher. Mais au fait c'était quoi le plan de départ ? Se faire plaisir, gérer sa course, faire une course de préparation, tout ça c'est check. Sans faire de bilan, en cinq participations, c'est ma moins bonne course ici. Alors oui je suis déçu de mon résultat.

A bientôt 46 ans, j'ai toujours une âme de compétiteur. La petite flamme qui m'anime est toujours bien présente. C'est selon moi le plus important. C'est ce que je dois garder à l'esprit. La grinta, la niaque, la combativité, c'est bien ça notre moteur à tous. Tant qu'il sera présent, je serais présent !

J'ai peut-être perdu une bataille, mais je n'ai pas perdu la guerre. Une semaine de repos c'est déjà trop au regard du chemin qu'il me reste à parcourir...12 320 kilomètres. C'est la distance qui me sépare d'Hawaï !

Résultats

  • Natation 52:15
  • Vélo 5:14'
  • Cap 3:20'
  • Temps 9:35'
  • Place 42e
  • Catégorie 3e 44-49

Résultats | Ironman© France 2018

Natation
Velo Départ
Velo Col Ecre
Vélo retour
Marathon début
Marathon 2e tour
Marathon 3e tour
Marathon finish
Marathon finish
Finish line

5X Ironman© France
  2010 2011 2012 2014 2018
Natation 53'39" 51'26" 53'34" 53'10 52'15"
Vélo 5h05' 5h08'00" 4h58'12" 4H58'26" 5h14'
Cap 3h22' 3h16'29" 3h21'12" 3h06'54" 3h20
Temps 9h27' 9h23'11" 9h20'03" 9h04'48" 9h35'
Place 22 14 19 10 42
GA 5 3 2 1 3