Accéder au contenu principal

Chi va piano, va sano e va lontano

Qui va doucement, va sainement et va loin.

Samedi 23 septembre, je suis au départ de la première édition de l'Ironman Italy Emilia-Romagna.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, j'aimerais vous en rappeller le contexte sportif mais aussi familial.

Ma dernière prestation sur le circuit Ironman remonte à septembre 2015, et l'Ironman Mallorca, deux ans jours pour jours ! Deux années spectateur du sport qui vous anime depuis deux décennies peut vous faire gamberger. Au cours de ces cinqs dernières années, j'ai eu la chance incommensurable de vivre trois naissances. Trois fois papa man ! Autant vous dire que les petits états d'âmes d'un sportif amateur quadra en quête de reconnaissance passent pour..comment dire...superflu ! Le papa poule est ravi et fier de sa progeniture. Mais il garde au fond de lui une flamme de compétiteur intacte.

Bien que déterminé à tourner la page, je fais le projet fou de remettre en route la machine. Mon projet est double : revenir à mon meilleur niveau et mettre toutes mes forces dans une ultime bataille. Je parle d'une course dont tout le monde rêve, celle qui fait tourner la tête, perdre la raison mais aussi parfois pleurer...les championnats du monde Ironman à Hawaii !

Ce projet je le planifie sur deux saisons :

  • 2017 : Slot N-1
  • 2018 : THE Ironman

Saison 2017, je programme deux courses full distance. Si je ne suis pas capable de soutenir deux préparations autant passer à la Lyonnaise tout de suite !
Je goute à nouveau à la distance reine sur le Frenchman. Je confond vitesse et précipitation. Le résultat est plus que moyen. Mais il a valeur de test.

En mai, une blessure vient parasiter ma préparation, mais la saison est encore longue. Patient et élève studieux, je suis religieusement la préparation orchestrée par Christophe Bastie Multriman. Le triathlon longue distance peut être chronophage n'est-il pas ? C'est l'envers d'une médaille qui ne vient toujours pas. Je muscle ma préparation sur une ultime course de réglage. Le Trigames Cagnes sur Mer me laisse de bonnes sensations et un excellent état de fraicheur.

J-3

Christophe Bastie me programme des séances d'allure jusqu'à mercredi. J'adore ! Le triathlète serait-il masochiste ? Mon état d'esprit d'avant course est incroyablement détendu. Ma stratégie ? Une course sur la raison plus que sur la passion. Comment y parvenir ? Etre à l'écoute de mon coeur, de mes sensations, bref une course d'attente. Mon objectif ? Une course équilibrée et maitrisée.

J-2

Premier Ironman Italy Emilia-Romagna, et premier déplacement ironman en famille. Bonjour la logistique à cinq ! Nous faisons le déplacement en voiture. Un grand merci à Eddy et Audrey pour le transport du bike. Le test n'est pas uniquement sportif. La logistique famille doit-être elle aussi éprouvée.

La station Balnéaire de Cervia est très touristique. Vous êtes accueilli par une magnifique plage de sable blanc et fin qui s'étend à perte de vue. La WTC se trompe rarement sur le lieu d'implantation de ses courses, tourisme, hébergement, accès, climat... Sur le site je retrouve Jeremy Jurkiewicz. Il me briefe sur le parcours vélo. Ici c'est comme la Floride me dit-il !

J-1

Le rituel habituel. Préparer ses affaires, vérifier son matériel, déposer son vélo, ses sacs de transitions...

H-3

Reveil. Gateau sport. Echauffement musculaire jusqu'au parc. 8 bars de pression dans les boyaux.

H-1

Le soleil se lève sur la mer Adriatique. Un disque orangé/rouge flamboyant illumine la plage. J'ai un petit pincement au coeur. Je me fais la promesse suivante : "Ta prochaine mass start ça sera sur la petite plage de Dig me beach !"

H-15'

Je me place dans le sas -60'. 3e rang. Confiant mais pas intrépide non plus. Je salue "Guigui" situé à trois rangé de moi. La sono est à fond. On peut à peine s'entendre.

7h30'

Les Pro(s) hommes s'élancent puis c'est au tour des femmes 5' plus tard.

7h45'

Le rolling start est lancé. Je suis souriant et detendu. Aujourd'hui, j'ai vraiment envie de prendre un maximun de plaisir. No stress man. Avant de nager il faut courir un peu. Je me lance dans une eau à 22°. Je reprend assez vite quelques nageurs. Je contrôle mon effort en limitant au maximun les battements. Le parcours est sur deux boucles avec sortie de l'eau à l'Italienne. Le plan d'eau est peu agité, seul le retour vers la plage est un peu ridé par le vent qui se lève. Je sors de l'eau avec un bel état de fraicheur. Je prend un lap. 50'. La journée commence bien.

Swim 50:13

Je dois encore ralier l'aire de transition, puis traverser tout le parc avant d'enfourcher mon vélo situé en tête de pont. 650m plus loin, je retrouve enfin mon cube Aerium c:68. Sur le cadre la photo de ma famille, c'est un rituel !

J'emporte dans ma musette 8 powerbars. Vous avez bien entendu, huits powerbars ! La route risque d'être longue. Mon objectif sur ces 185 kms annoncés au briefing, est de gérer mon effort aux pulsations. Interdiction pour moi de m'enflammer ou de faire la course dés le début du vélo. Les consignes du coach sont claires, la course ne se termine pas après le vélo. Je compte sur toi ! Bien déterminé à suivre le plan à la lettre, je me cale bien confortablement sur ma selle, les yeux rivés sur mon cardio-frequence mètre. Après 15' d'effort, j'entame déjà mon repas de substitution. Vous savez ces satanées barres qui colent aux dents.

Le point positif du parcours, la boucle est entièrement fermée à la circulation. Les routes sont belles, plates, et l'enrobé relativement de bonne qualité. Les kilomètres défilent assez vite malgré sa monotonie et sa rectitude. Au loin se dessine un village perché, c'est l'unique ascension du parcours. La pente est annoncée à plus de 8% ! Cette bosse est vite avalée. L'effort est pour moi une veritable bouffée d'oxygène. J'en profite pour faire sauter mes accompagnateurs. Ils reviennent sur moi assez rapidement. Bien essayer papa.

Retour vers Cervia. Le vent est de face sur les derniers kilomètres du parcours. Comment ne pas parler du drafting ? 35 minutes de rolling start n'ont malheureusement aucun effet sur ce fléau. Sur le retour je croise des pelotons qui roulent à deux de front. Le plus gros paquet emprunte toute la chaussée, ils sont même à trois de front. No comment ! Perso, je suis le plus souvent accompagné par 2, 3 voir 4 unités. On respecte les distances. Je boucle le 1er tour en 2h25'. Je suis toujours confiant et souriant. C'est important de sourire. Cela veut dire que tu es encore facile !

Le deuxième tour est un peu plus agité. Cela revient de l'arrière. Et cela saute aussi devant. Je dois rester concentrer sur mon effort. Mais surtout ne pas me faire influencer. Mon rythme cardiaque est bien maitrisé. Je suis entre 135 et 140 puls de moyenne. Cela correspond à ma limite haute aérobie ou premier seuil ventilatoire (SV1). Du côté de l'alimentation, j'ai déjà avalé plus de quatre barres. Sans compter les bananes et gels chipés de-ci de-là, le bilan comptable est excellent. Si je continue comme ça je vais exploser mon record personnel.

La bosse pointe son nez. Je tombe la plaque et met tout à gauche (23 dents). Je mouline tel L.A dans le Galibier. Rebelotte et dix de der...ça saute à nouveau. Cette fois, je suis tranquille un bon moment avant d'être repris. Je suis toujours concentré sur mon effort et mon alimentation. Le retour passe assez vite. Rependre des attardés à cela de motivant. Certains essayent de prendre la roue mais : "non é possiblé monsieur excusi" !

Je rentre au parc après 4h50' d'effort, et les poches vides. C'est le deuxième effet kiss cool de la journée. Huit barres ingérées c'est record personnel !!!! Plus sérieusement, je réalise le même temps sur les deux tours du parcours. J'ai la banane. J'ai bien géré mon affaire. Le deuxième étage de la fusée se consumme dans l'euphorie du moment. La réalité me ratrappe...il faut courir maintenant.

Bike 04:50:58

A la descente du vélo, les premiers mètres sont toujours compliqués. Tu marches sur des oeufs.

La transition est rapide. Petit moment de douceur en enfilant mes chaussettes gavées de pommade NOK. 10 gels en poche, et c'est reparti.

J'entame mon marathon en compagnie de la grande Tine Deckers. J'adopte ma stratégie habituelle : foulées courtes, du rythme, et petite vitesse. Mon Garmin lap tous les kilomètres. Je me cale sur 4'30" au kilomètre. C'est un poil ambitieux. Mais depuis le start, mes sensations sont excellentes alors pourquoi pas essayer. Mon cardio est toujours à 135 puls. Pil poil sur les consignes du coach !

C'est sur le marathon que tout se joue...ou se perd ! J'avance sans me soucier vraiment de mon allure. Je me repète en boucle : "Gardes le smile, gardes le smile". Le dernier étage de la fusée fait ressentir sa dernière poussée : lente, progressive mais réelle. Les tours s'enchaînent bien. Il faut dire que le parcours est particulièrement bien varié. Vous avez aussi toujours beaucoup de monde pour vous encourager. Malheureusement, l'effet du rolling start vous rend aveugle. Impossible de connaitre ton classement. C'est marche ou crève ! J'avance dans mon marathon sans jamais jetter un seul coup d'oeil au chrono. Seuls les laps rythment ma course. Au fil des tours, je parviens à maintenir mon allure. Seuls les stops aux ravitos sont de plus en plus longs. Les 5/10 secondes du départ, se transforment en 15/20 secondes. Un bras de fer s'engage entre la tête et les jambes. C'est extrêmement difficile de garder sa motivation intacte dans une situation de fatigue avancée. Au 36e kilo l'allure commence à se dégrader. Je parviens tout de même à maintenir un petit 13 km/h entre deux ravitos. Le final est en approche, et malgré la délivrance toute proche, je dois me faire violence pour ne pas perdre du terrain. Je suis obligé de littéralement me crier dessus pour m'encourager : "Allezzzzz, allezzzz" ! Avec un vieux râle d'homme de Néandertal en plus !

J'aperçois enfin la ligne d'arrivée. Nous entrons à deux sur le sas d'arrivée. Il m'attend comme pour lancer un sprint final. Je ne lui laisse pas cette chance. Je lui fonce dessus tel un rapace sur sa proie. C'est étrange la nature humaine. Tu te traines des kilomètres durant sans ne pouvoir plus mettre un pied devant l'autre. Et là dans une situation de prédation, ton cerveau reptilien prend le dessus et te fait courir en mode survie ! Je franchis la ligne complétement survolté, le poing rajeur. Moi qui rêvais de franchir cette ligne d'arrivée en mode papa poule avec mes filles à la main...c'est raté !

Run 03:11:35

Je lève la tête sur le portique d'arrivée. Le chrono égrène le temps final de la course 9h02...9h03... A ce moment là, je ne jouis plus de toutes mes facultés mentales. Je préfère vérifier sur mon Garmin. Je fais défiler les écrans pour tomber sur ce chiffre 9H02'. Je dois y regarder à deux fois car je n'y crois pas. La tension redescend un peu. Je reprend doucement pied avec la réalité. Ce n'est que de longues minutes plus tard que je réalise ce qui m'arrive. J'ai passé toute la journée à me focaliser sur mes sensations. A aucun moment, je n'ai cherché le chrono ou la place. L'objectif était de faire ma course et rien d'autre. Ma stratégie pacifiste façon Mahatma Ghandi vient de payer !

Désormais, la seule chose qui compte à mes yeux, c'est de partager ce moment avec ma petite famille. Quand je pense à tous ces sacrifices que je leur impose. J'en ai parfois la larme aux yeux. Certes, mes filles sont encore petites. Mais que restera-il de tout cela dans 5, 10 ou 15 ans ? Un vulgaire saladier en bois appelé "umeke" avec des médailles finisher à l'intérieur ? Ou bien est-ce que j'arriverai à leur transmettre ces valeurs fortes véhiculées par le sport ? Travail, humilité, vonlonté, courage, fair-play, pour donner le meilleur de soi même. C'est important de donner du sens à ce que l'on fait. Replacer les choses dans un contexte et une dimension humaine. Vous l'aurez compris, j'aime bien partager mes expériences ! Aujourd'hui sur notre planète, quelles sont les terres d'aventures encore inexplorées par l'homme ? Si ce n'est les chemins empruntés par notre propre existance et les limites que nous nous fixons ?

J'aimerais conclure ce récit par un carnet rose. Eloignez les enfants de cet écran. J'ai rencontré ma chérie, ma femme, la mère de mes enfants en 2008 en déplacement club sur l'Ironman Zurich. Bien que qualifié pour Hawaii, je n'avais aucune intention de prendre mon slot. Sophie eut cette phrase lourde de sens :" Mais je t'accompagne moi si tu veux!" Nous ferons le plus beau voyage romantique qui soit sur cette île paradisiaque. Une histoire d'amour était née. La suite vous la connaissez. En 2018, nous fêterons nos 10 ans. Il aurait été maladroit de ma part de ne pas fêter cet évènement sur l'ile magique ou tout a commencé !

Il faut vivre ses rêves et non rêver sa vie.

En bon philosophe salut, et sportez-vous bien !

Ironman Italy Emilia-Romagna 2017

Entraygues, Edouard | 21e | 1e 45-49
Swim 00:50:13 | Bike 04:50:58 | Run 03:11:35
Finish 09:02:01

Voir les resultats

En bref

  • 1e GA 45-49
  • 2e Français
  • 2e Meilleur_Chrono_Personnel
  • 10e Slot_Hawaii
  • 17e Ironman_Finisher
  • 21e / 2 562_Athlètes

Remerciements

Je tiens à remercier tout particulièrement mon partenaire CUBE BIKES FRANCE. Ce partenariat est un atout indispensable à mes projets sportifs. Ce soutien n'est pas uniquement matériel. La confiance et la relation humaine est au centre de ce partenariat. C'est un veritable moteur et une source de motivation forte. Je suis particulièrement fiert d'annoncer le renouvellement de ce partenariat à l'horizon 2018 !

Cube Bikes France

Localisation

Famille

01 20170921 152657
03 20170921 152723
04 20170921 152728
05 20170922 121746
06 20170922 121808
07 20170922 121923
08 20170922 121932
09 20170922 122305
10 20170922 122540
11 20170922 123301
12 20170922 123315
13 20170922 123321
14 20170923 165420

The Race

01
02
03
04
05
06
07
08
09
10
11
Bike3
Run3

* Chi va piano, va sano e va lontano = "Qui va doucement, va sainement et va loin".